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Du bout d'ici... Mon Ange...

Du bout d'ici... Mon Ange...
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15 janvier 2006

7 - Mina

vent_d_ange

Ma grand-mère avait reçu un enseignement de sa propre mère avec cette continuité de l'irréel. En tant que femme, capable de donner la vie, sa force créatrice l'avait placée en une place inespérée de communication. Jusqu'à l'âge de 13 ans, elle avait accompli les rites transmis par ses aïeules, au creux dans la toute petite fontaine du Vaucluse, seul univers d'humidité conservé en France. Les hommes se battaient contre les vents, les femmes s'organisaient autour.

Un matin, semblable à tous les autres matins, Mina qui comptait les jours avant la grande initiation, partit dans les collines au milieu des herbes sèches. Elle était attirée par une lueur vers l'Ouest, à l'opposé du soleil levant. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi la lune était encore si brillante. Dans la clairière derrière l'abbaye, alors que la nuit aurait du encore persister, des lueurs étonnantes envoyaient des signaux. Et dans sa tête, elle crut les recevoir, comme pour entendre leur sens profond. Elle compris qu'elle se trouvait face à des entités, des choses vivantes, elle ne pouvait se l'expliquer, mais c'était indéniable. Elle s'aplatit sur le sol poussiéreux, avalant tant et plus la poussière fine et ocrée de la région. Elle rampa jusqu'à un point culminant. Et bientôt, dans son esprit, elle entendit des paroles. Des bribes de conversation totalement surréaliste…

"Cela fait trop longtemps que nous sommes là, la planète ne tiendra pas le coup. Soit nous partons, soit nous nous accomplissons."

"Les humains ne résisteront pas à notre accouplement, il y aura trop de pertes et nous ne serons donc pas assurés du temps de la gestation."

"Comment être sûrs que nous trouverons le guide puis le vecteur ? Tout ici est trop aléatoire. Civilisation engoncée, très peu évoluée"

Mina avait fermé les yeux et se laissait bercer, si tant est que l'on puisse le faire avec de telles phrases.

Elle se sentait aussi minuscule qu'un grain de poussière, abandonnée dans un coin de l'univers, mais aussi, elle se savait "celle" qui pourrait entraver les rouages et faire repartir les élans dans d'autres sens.

Bien sûr, elle avait été initiée très jeune à recevoir les pensées des autres êtres vivants, sans pour autant les voir ou les entendre. Souvent, lorsqu'elle se promenait dans les bois, elle comprenait jusqu'au murmure de la jeune fougère qui sommeille encore sous l'humus printanier… Elle soignait d'ailleurs beaucoup plus qu'elle n'échangeait. Toujours à l'affût de celui ou celle en détresse. Mais à cet instant, elle sentait en elle comme un grand haut parleur qu'elle n'aurait pas masquer. Un sens dans les phrases qui étaient pour elle, sans véritablement d'interrogation.

Elle se hissa et regarda un peu mieux le balai de ces ombres épaisses, elle sentit dans ses cheveux le vent qui rend fou, qui vous pénètre, vous transperce et vous possède. Mais elle ne laissa pas la peur l'envahir, et du haut de sa petite taille, elle s'éleva en criant du plus fort que le pouvaient ses poumons :

- Je vous entends et vous ne mangerez pas ma planète !

Dans la clairière, tout se fit alors silencieux. Et en plein milieu de cette nuit, il n'y avait pas grand chose à entendre. Pourtant, cette voix de presque-jeune fille fut comme un poignard dans le noir ! L'épaisseur des ténèbres commença à se muer, imperturbablement, vers le petit corps apeuré.

Mina fermait encore plus ses yeux, pensant ainsi se protéger des forces engagées. Mais la peur semblait partir peu à peu d'elle-même, comme une promesse qu'il ne pourrait rien lui arriver. Comme des milliers de plumes, elle sentit sur elle le regard des entités. Elle comprenait leurs interrogations. Elle laissait son esprit ouvert aux vagabondages de tous ces autres. Elle ne voulait certainement pas résister, trop consciente du salut qu'elle pouvait représenter pour ses descendants.

Dans une sorte de vision surréaliste, elle devina sur les nuages un visage d'une jeune fille plus âgée qu'elle. Dans un temps futur, assez lointain. Les entités s'emparèrent de cette vision et éclatèrent d'un rire de victoire… Une porte immense s'ouvrait pour eux, la réalité de leur présence ici, la possibilité de continuer à grandir et l'effarante évidence qu'ils ne détruiraient pas tout sur leur passage. Ils enveloppèrent la toute jeune fille dans leur respiration brûlante, lui sous-tirèrent jusqu'à son plus infime savoir et surtout, ils implantèrent en elle les plans de leur devenir.

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8 mars 2005

6 - L'arrivée des vents



Le moine est venu s’asseoir à côté de moi. Il a perdu tout de son immensité. Je pourrais presque le toucher. Il ne faut pas. Il semble bien veillant et je suis rassurée. De toute façon, depuis que j’ai franchi la muraille de l’abbaye, il ne semble plus le maître du jeu. Moi non plus d’ailleurs, juste que les forces ici se conjuguent pour que ma mémoire aille tellement plus loin que mes dix-huit années d’existence. Tout ce que je sais à cet instant précis, je ne l’ai pas appris dans les livres ou sur les bancs de l’école, il y a aussi une mémoire qui est comme un don universel, quelque chose que je ne peux contourner.

Cet endroit est vide, personne d’humain ne transparaît, tout semble à l’abandon pour des yeux non avertis. Le souffle de l’air a brûlé les herbes folles, mais n’a pu entamer les pierres des murs. Vide mais pas mort. Oh, non ! Surtout pas. Derrière toute muraille, la vie est là, attendant de repartir, cherchant son vecteur, sa direction, son vaisseau. Tout a un sens, et je ne suis pas là pour rien. Ce vieux moine, non plus d’ailleurs. Il attend tranquillement. Et il dit : "On reste là pour le moment ?"

Pas nécessaire de lui répondre, il n’est pas celui qui décide, il est juste un des multiple moyen qui a été défini pour que chacun se retrouve à sa place.

 

Il me faut beaucoup de concentration pour commencer et ma voix se fait murmure tout d’abord…

 

Les vents de glace se sont mis à souffler bien avant ma naissance, tellement plus avant, des années, deux siècles et demi pour être précis. Tout a été balayé par eux sans pouvoir définir une date précise. Mais en fait, il n’y a pas eu de jour vraiment. Les mois se sont couverts, remplis de nuages épars, puis de brumes qui voltigeaient de plus en plus, ne laissant à la lumière du temps qui passe qu’une très petite place. On avait mis cela sur le compte des perturbations atmosphériques. Depuis des années, des phénomènes perturbant nous avaient imposé de changer notre manière de vivre.

L’eau. Plus importante, ayant rongé les pôles et recouvert des espaces entiers, obligeant les populations à se retrancher au centre de la planète. Il faisait toujours plus chaud et les terres restantes se couvraient soient de liquide ou mourraient sous les rayons du soleil toujours plus forts.

 

Pour assurer la survie, on avait laissé le pétrole dans les barils et les véhicules à H²O étaient devenus monnaie courante. Pourquoi s’en faire, il fallait juste changer quelques habitudes. On utilisait les rayons du soleil enfin pour chauffer les maisons, faire vrombir les usines, l’énergie venu du ciel était sans limite.

 

Mais personne n’avait compté avec l’incongru, le "venu d’ailleurs", sous forme de l’impalpable. Cela avait donc recouvert tous les cieux et les saisons se succédant ne retrouvaient aucune cohérence.

 

Alors il avait fallu s’organiser, pour survivre tout d’abord, puis apprendre à vivre et enfin redevenir cohérent, prospère.

 

Les premières années furent les plus difficiles. Les vents ravageaient tout, n’épargnaient personne. Les quatre coins du monde étaient sans dessus dessous. Les arbres se déracinaient sans arrêt. Les grandes forêts n’étaient plus que des crayons arrachés brandis vers le ciel, implorant l’arrêt de leur maltraitance. Mais aussi, les villes, les grands building, les maisons un peu solides, tout cela se balayait semaine après semaine, sans que personne ne puisse donner une explication. Evidemment, les pays pauvres encore tellement à la merci des grands ne comptaient plus rien de leur reste. Pas un de leurs habitants ne pouvaient encore s’abriter sous un toit.

 

Les peuples alors migrèrent vers les montagnes, seules surfaces indemnes des violences des vents. Les grottes ou toutes autres formes de creux pouvant présenter un peu d’espace pour quelques êtres humains légers et fragiles furent pris d’assaut et se mirent à abriter des tribus ainsi mieux protéger.

 

Très vite, les gouvernements décidèrent d’opérer ensemble : il en allait de la survie de l’humanité. On apprit donc à creuser les monts mais aussi les sols. Les déserts connus furent des endroits de choix pour y établir des populations immenses. Les technologies étudièrent les meilleurs moyens pour forer au plus profond. Il faut alors intéressant de trouver dans les entrailles de la planête des nappes entière de liquide précieux.

 

La vie se réorganisa. Bizarrement aussi, ceux qui choisirent de rester à la surface changèrent leur mode de communication. Parler était éprouvant, les cordes vocales ne pouvaient tenir longtemps à hurler sans arrêt. Le cerveau humain, plein de ressource, alla puiser dans le plus profond de lui même la possibilité incroyable de communiquer par des ondes mentales.

15 février 2005

5 - Le travail


Je n’ai pas encore bougé et je sens les pierres imprégner mes jeans, le transpercer presque. Mes doigts sont secs d’avoir roulé dans la terre sèche et fine, friable à souhait sous la pression. J’ai laissé les gouttes de mon chagrin se répandre et faire quelques flaques, des amalgames indiscernables… Le soleil de fin d’hiver me réchauffe à peine. J’attends. Je n’ai pas dormi et je ne veux pas encore avaler la dernière gélule. Une ombre apparaît, s’agrandit. Je sens les yeux de ce vieux moine tomber sur moi. Je tends la main et touche légèrement ce reflet, je le prends pour moi, je me l’approprie et je le chéris. Comme il serait doux alors d’être saisie dans ses bras et de me blottir pour oublier tout cela.

L’ai-je fait, ne serait-ce qu’une fois. Oublier…

« Lina… »

Oui, je suis là, présente, comment m’envoler dans cette immensité recouverte d’un tissus indestructible

« Viens avec moi. Il est temps de faire mieux connaissance ».

J’ai peur tout à coup. Je me plante dans son regard avec un immense affront, j’en ai la tête qui vacille, je ne sais même pas si je vais réussir à me relever. Je vois derrière lui la garrigue qui se sauve, miroitant de ses mille feux de lavandes entêtantes. Je sens que l’Abbaye m’appelle.

Hier en arrivant déjà, des milliers de paires d’yeux s’étaient entrouverts à mon passage. J’avais serré les points, j’avais écouté les mots du barbu. Il ne fallait surtout pas essayer de déchiffrer les murmures. Tu le sais, toi Vieux Moine, que je connais cette demeure. Bien avant ma venue au monde, elle était déjà gravée quelque part en moi. Ma mère et son don de grande vue avait guetté les premiers signes et très vite m’avait initiée. Elle ne savait pas alors quel volcan elle allait réveiller. Ou le savait-elle tellement ?

Sénanque et ses champs de lavande. Sénanque la froide, la grande, la mystérieuse, l’incessante et éternelle maison de nous.

« Lina, lève-toi ! Et cesse de me regarder. Tu vas te fatiguer. »

J’en ai la nausée car je lutte. J’ai l’impression que je vais casser. Plie toi, même si tu penses être loin en dessous de tout…Le jour vient de l’intérieur. J’entends la voix de ma mère. Je sens le sable fin et rouge qui se craquelle sur mes joues, comme sur mes doigts à cet instant. Je baisse la tête, je dois garder encore un peu de force pour comprendre le temps qui avance. Je lance une main effrontée pour que ce grand gaillard m’aide à me relever. Il m’a voulu, il doit être là et tout de suite. Je sens sa peau rugueuse dans la paume de ma main, j’ai l’impression de tenir un patte de félin, douce et piquante à la fois. Il me soulève et me transporte presque en quelques pas au bas de la colline. Je sais que les autres me regardent. Dans le verger, les silhouettes se sont immobilisées. Je les entends murmurer. Je les fait taire immédiatement. Si je les entends, eux-aussi, ou en tout cas certains d’entre eux. Mais déjà, je cours derrière le grand homme. Il m’emmène sans détour vers l’Abbaye. Nous traversons les champs puis un chemin. Enfin, nous marchons sur une route blanche. Il pousse le portail. Je sais qu’il va falloir parler longuement. Je n’ai plus le choix. Ma mère me l’avait chanté.

La porte s’ouvre comme si nous étions attendu, une main grise nous montre l’endroit où nous devrons nous tenir. Je retiens ma respiration et je regarde à nouveau la voûte envolée et presque hautaine dans son immensité. Et j’inverse les rôles, je passe devant le moine. Je connais ici. Je suis comme chez moi. Je gravi un escalier. En haut, la salle est vide. Au fond, la porte minuscule va s’ouvrir sur la basilique. En bas, je pourrais aller me cacher dans le cloître vert. Je pourrais enfin m’asseoir. Souffler.

Je suis dans l’herbe, à l’ombre des piliers ancestraux. Le jour va descendre, la nuit m’emporter, qu’importe, ici, je suis bien et tout me protège.

Dans le puit central, il y a des murmures.

Au travail, je dois raconter…


10 février 2005

4 – L’eau


"A LA FONTAINE, TU TROUVERAS ET T’OUVRIRAS."

Toutes les jeunes filles qui m’entouraient étaient vêtues de bleu turquoise. J’étais la seule avec ma tunique bleue nuit. Ce matin là, Maman avait pris le temps de tresser mes cheveux. Elle y avait glissé une marguerite blanche, parce que c’est la fleur de perle, la pureté et l’honneur sans limite. Elle ne cessait de me répéter alors que je n’étais pas comme les autres et que mes pouvoirs nous sauveraient. Avais-je le droit de ne pas la croire, ma maman chérie, avais-je le pouvoir de la contourner, du haut de mes 13 ans ?

Je restais cachée derrière un arbre jusqu’au dernier moment. Il fallait pourtant que je me mêle à elles. Je fis un pas hésitant. L’assemblée était remplie de personnes importantes. Je voyais bien mon père, trônant avec sa grande toge gris-argenté. Il y avait aussi mon oncle et son éternel ami. Et puis Mamina.

A sa vue, je savais déjà que j’aurais le courage de faire tous les gestes. Son regard me suivrait jusque dans les profondeurs de l’eau cuivrée.

Toutes les fillettes piaillaient du mieux qu’elles savaient le faire, elles trépignaient aussi, impatientes de passer l’épreuve. Aucun arbre en vue pourtant.

Au-dessus de ma tête, loin dans le ciel, les filets se tendaient, brassés par les vents incessants. Je les sentais vrombir dans mon esprit, ils essayaient toujours de me traverser. En fermant les yeux, je retrouvais un peu de calme.

La prêtresse principale arriva enfin et se dressa sur la grande pierre. Derrière elle, je voyais le gouffre de ma fontaine, je sentais sa froideur et sa profondeur. Les pierres étaient glissantes, le printemps se finissait à peine, laissant la décrue faire son travail, rendre au creux incertain une consistance de tout un été. Bientôt, la terre glaise deviendrait comme une poussière d’ocre, marquant les tennis, souillant les bas de pantalon, teintant les mollets frêles.

La grande femme commença à chanter doucement, appelant le silence, forçant tous les regards à se tenir sur elles. L’assemblée s’immobilisa. Les mères retinrent leur respiration, les pères baissèrent les yeux.

Elle fit un signe et toutes les filles commencèrent leur ascension. Elles se pressèrent à la queue leu leu pour baigner leurs pieds nus, elles prirent l’eau au creux de leurs mains et la portèrent à leurs lèvres. Je voyais les nuages qui s’amoncelaient sur nos têtes, prisonniers des filets, les vents les brassant malgré tout.

Les regards vinrent sur moi et péniblement, je me m’accroupis devant l’eau turquoise, je plongeai mes pouces, les nuages se dissipèrent en un instant, les vents s’en retournèrent vers un autre ailleurs. Les visages ne furent plus aussi crispés. La prêtresse me toucha les cheveux, j’avais le visage en larmes, pourquoi devais-je porter tout cela…

 

Le temps n’est pas le même ici, maintenant. Depuis longtemps, il a contourné les journées et nos corps ont grandi, nos vies se sont rallongées. Personne n’a jamais rien demandé. On a tous préféré dormir la nuit, sans entendre les nouveaux langages.

Mais moi, je sais bien que tout cela n’est pas tout à fait la vraie réalité.

Je reste accroupie devant la porte de ma maigre prison. Je crois que le Moine ne viendra pas me chercher. C’est ainsi qu’il agit à chaque nouvel arrivant. Il faut avant tout que celui-ci s’imprègne des lieux et entrevoit sa chance. Je ne sais pas si je pourrais accéder à son plan éducatif. On me l’a rappelé dans les cellules des prisons de ville. On me l’a crié, comme pour me rabaisser à un fonctionnement normal. Mais je sais bien moi que mon père a choisi d’être du côté des dirigeants, au risque d’oublier parfaitement sa propre fille. Comment pourrait-il d’ailleurs accepter qu’elle soit à l’origine de tout cela ? Accepter que le chemin fut entrepris une fois, rien qu’une et puiser la puissance de ne pas se laisser envahir.

 

Bien sûr, en son temps, il fut si difficile de se blottir contre les parois froides des grottes et d’attendre que les vents diminuent un peu. Après, il avait fallu aussi ressortir, retrouver les demeures ravagées, mais pas seulement ruinées, elles avaient été visitées, étudiées, copiées, dépossédées de toutes leurs vies.

 

La poussière glisse entre mes doigts et je lève les yeux sur le verger. J’aperçois des silhouettes qui se groupent sous les arbres, certaines tirent derrière elle de petits chariots surmontés de cagettes en bois, d’autres trainent un sac de toile. Les arbres ont commencé à se balancer. Je vois au loin la petite Lola, elle coure derrière le moine, je la devine souriant, heureuse à la vie qui ne s’arrêtera pas pour elle. D’ici, je sens l’air qui vrombit autour d’elle. Connaît-elle seulement à cet instant les forces qui la protège et la rendront si forte plus tard.

Petite Lola, fermes les yeux, toi, son regard ne t’aidera pas toujours.

Je t’en prie. Ne le regarde pas, ne puise rien en lui.

Alors, j’ai mal, à cet instant car dans sa tête je l’entends me supplier d’arrêter, comme mon père l’avait fait en son temps.

Mais je ne peux pas, Lola, JE NE PEUX PAS.

<>Je sens des larmes qui coulent.
Je pleure.

Encore.

Toujours.

C’est l’eau qui me fait vivre.

Je le sais.


28 janvier 2005

3 - Le jour qui suit



 

Dehors le vent était terrible, glacial, empoignant tout sur son passage. J’avais du mal à ouvrir les yeux, à respirer aussi. Mon père tenait sur mon visage une écharpe de soie, il étouffait lui-même. Il me jeta dans la voiture et me dit d’attraper la couverture de laine bleue de Maman… Il y avait son odeur, j’étais si fatiguée que je ne cherchais pas à trouver des réponses seule à ma terreur grandissante. Au loin, un cri… Une femme peut-être, Maman ? Haut dans le ciel, des nuages gigantesques courraient à une allure folle. Sur la carlingue de la voiture, toutes sortes de projectiles rendaient l’habitacle si peu sûr. Il devait être 10 heures du matin et je cherchais la lune dans cette pénombre de jour.

Papa jeta dans le coffre des sacs et s’arc-bouta pour réussir à le fermer. Puis il parvint à rentrer dans la voiture et s’agrippa au volant comme pour ne pas s’envoler. La voiture tanguait sous les rafales et je me demandais comment nous faisions pour ne pas être emportés. Les phares étaient allumés mais on ne voyait rien. La terre se mêlait au vent et rendait la vision surréaliste. Je regardais mes pouces, le nuage doré, puis je fixais la nuque de mon père et revenait à ce phénomène étrange, pas plus perturbée par le cataclysme qui balayait alors toute notre vie.

« Arrête Lina ! » Mon père hurlait et je l’entendais nettement dans mon crâne. Pourtant, le vacarme nous envahissait et ses lèvres ne bougeaient pas.

« Pas de ça maintenant ! ARRETE !!! »

Au devant du véhicule, j’avais l’impression qu’une allée s’ouvrait et protégeait en quelque sorte notre passage. Le sable et les volutes d’air tourbillonnaient et dessinaient une voûte que l’on aurait crue solide, une protection contre les éléments déchaînés.

Des minutes interminables nous conduisirent enfin vers une issue. Je retins mon souffle car les ouvertures béantes m’étaient que trop familières. Les carrières… Je savais que mon père les détestait. Dans ma toute petite vie, j’avais déjà eu tant de fois l’occasion de les parcourir. Souvent accompagnée, bien entendu, avec ma mère, et les autres femmes. Maman m’y menait régulièrement et je prenais, au fond des cavernes, un peu de cette huile dorée dont je recouvrais mes mains. J’enfermais alors mes pouces au creux de mes paumes et je sentais une douce chaleur m’envahir. Je m’endormais à distance du groupe et souvent je m’éveillais dans les bras de ma mère qui me portait vers notre maison. Son regard était alors étrange, emprunt d’un émerveillement mais aussi d’une inquiétude presque fière.

Mon père arrêta la 404 et fit volte-face vers moi.

« Tu nous as conduit ici. Elles me l’avaient dit. Maintenant, nous serons à l’abri ». Dans sa voix, je sentis une rancœur terrible, un agacement au bord de la haine.

 

Je me sens mieux et j’avale un deuxième comprimé. Le sommeil me gagne et j’attends les premières lueurs du jour. Ici, je vais sans doute me plaire. Qu’ai-je à perdre de toute manière ? Je n’ai plus rien. J’observe la pièce et j’entrevois sur le lit des inscriptions. Je ne suis pas la première « détenue » qui passe une nuit ici. Mais à mieux y regarder, il y en aura d’autres avant que je puisse à nouveau entendre d’autres êtres respirer tout près de moi durant les ténèbres.

Au petit matin, une petite main gratte la porte. Un filet de lumière me rappelle que le soleil est là depuis un certain temps. J’ai du réussir à m’endormir. Ma bouche envoie un fin nuage du buée, il fait très froid. Pourtant, mon corps est encore recouvert de fines gouttelettes de transpiration.

« Dis, tu m’ouvres ! Z’ai froid… »

C’est Lola. Ma poupée. Elle est haute comme trois pommes, on dirait une toute petite elfe. Je la regarde entrer timidement dans cet endroit caverneux. Elle me dévisage et ne perd rien de mon humeur.

« T’as pas bien dormi, ça s’voit tout de suite ! »

Tu t’imagines peut-être que passer la nuit dans un tombeau, c’est la meilleure des nuits… Eternelle, sans doute, mais ce n’est pas encore pour moi.

A mon tour de la contempler. Une poupée, c’est cela, avec ses cheveux caramel, bouclés en anglaises épaisses et arrondies. Il y en a une qui effleure le coin de sa bouche rose, un bonbon offert à tous les sourires, ouvert à toutes les douceurs. Ses yeux gris se dissimulent à peine derrière de longs cils épais, masquant un regard acidulé, doux et câlin.

« Tiens, le vieux m’a dit de te donner ça. Les autres y disent que c’est méga super d’en avoir et qu’il faut en profiter parce qu’après, tu seras avec nous, comme nous et t’y auras pu l’droit. »

Je ne lui dis pas qu’il me reste encore une granule magique. J’ai mal à la tête et il aurait été plus sage de toutes les ingurgiter. J’attrape ma maigre récompense à ma solitude imposée et je la pose près du verre.

« T’as pas tout pris ? Oh ! là ! là ! Si elle savait ça, la grande crécelle. J’suis sûre qu’elle ferait n’importe quoi pour te les piquer. »

L’ombre d’un instant, son visage se ferme. L’évocation de la jeune fille semble la mettre mal à l’aise.

« De toute façon, bientôt, elle va passer l’épreuve et on dit qu’elle n’y arrivera pas. Et si elle n’y arrive pas… » Sa voix se perd un instant et me laisse entrevoir la sentence d’un tel échec.

« Bon, c’est pas tout ça, faut qu’j’rentre. Le Moine y va m’enguirlander. Au fait, moi c’est Lola. Toi, c’est Lina, c’est ça ? On se ressemble dans nos prénoms ».

Oui, on se ressemble petite fille, dans la rime que forme nos appellations. Y’a-t-il plus derrière cette sonorité ? Je ne te le souhaite. Je ne comprends pas encore pourquoi, mais je sais qu’il te faut absolument rester à l’écart de tout cela.

Je n’ai pas le temps de lui demander le programme, elle galope déjà dans le chemin.

Un instant, je sens l’édifice trembler et je ne sais si je dois rester ou courir comme la gamine. Après tout, le Moine m’y a laissé confiant hier au soir, il viendra donc m’y chercher.

Machinalement, je replie la couverture et je remets en ordre l’oreiller, la table, la chaise. J’aimerai tant pouvoir me baigner. Plonger au fond de l’eau turquoise. Encore une fois, rien qu’une seule fois. Entre mes doigts, je laisse glisser la poussière, entre mes yeux, je revois ces moments inoubliables…



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27 janvier 2005

2 - Première nuit



Sina, ma Mère, partait souvent longtemps à la saison chaude, parcourant les grandes étendues stériles et désertes, à la recherche de plantes, mais aussi à la découverte des traces du passé, avant les grands vents glacés.

La lumière bleue sur mon berceau… Un soir de mai alors que mon père était au conseil, les deux femmes se sont penchées sur mon berceau et ont répandu les gouttelettes magiques en me nommant… Lina la bleue.

 

« Papa, écris-le à Maman, elle doit savoir ce qui m’arrive ! Papa, je t’en prie, tu sais où elle est ! PAPA ! »

 

Oh, j’ai hurlé dans la grande salle qui résonne encore de mes cris. Mais pourquoi ? Qui pouvait m’entendre… J’étais tellement occupée à interpeller mon père que je n’ai pas vu le vieux moine. Il était pourtant assis près du juge et à cet instant précis, il parlait avec lui, lui prenant tranquillement des mains le dossier de mon procès, contenant aussi toutes les preuves indiscutables

Mais qu’ai-je fait de mal au juste ?

 

C’est étrange. Dans mon berceau, au jour de la lumière bleue, je devais avoir quelques mois et je me rappelle de tout après, très précisément. Je me souviens de mes premiers pas. J’étais prudente mais acharnée et à dix mois, je courrais déjà dans les couloirs de notre grand mas. Maman riait toujours à cette époque. Il suffisait qu’elle sente ma présence et déjà, elle gloussait au plaisir de m’attraper dans ses bras et de me faire voltiger dans les airs. Mes rires se mêlaient à ses sourires, et j’ai toujours su dans ces instants qu’elle ne disparaîtrait jamais, même si mon cœur devinait…

 

« Allez, Lina, il faut partir maintenant. Prends ton sac et suis-moi, je vais te trouver un abris avant la nuit ».

La douce voie m’enveloppe et j’obéis comme dans un songe. Je ne sais si je suis là ou si je suis repartie dans une autre vie.

Au loin, il y a le grand bâtiment, imperturbable, gris argenté, froid et vivant à la fois. J’aperçois des silhouettes, chacun s’apprête à la nuit qui arrive, chacun rejoint son coin, son intimité, chacun referme sa bulle et ne veut plus entendre l’autre. Les lavandes sont silencieuses, je tiens encore la mousse au creux de ma main, j’ai une boule dans la gorge, je n’arrive pas à me raccrocher à elle, malgré tout ce qui émane d’elle. Mes jambes me portent un peu dans la poussière, j’ai du mal à voir vraiment où je me dirige.

 

Vers le bas du verger, il y a une porte. Elle est entassée dans une pile de pierre, elle est silencieuse mais peu accueillante. « Viens maintenant… Il fait presque nuit ».

J’ai peur tout à coup. Je sais que je vais rester seule jusqu’au petit matin. Je ne me rappelle pas avoir été seule une nuit entière depuis… Je ne veux pas encore retrouver ses mirages. Le vent recommence à souffler ? Cela se pourrait, la nuit est basse, la lune est voilée.

 

Voilà. Je suis seule maintenant. Le Vieux Moine est reparti. Il a allumé une bougie, l’a posée à même le sol. Sur une étagère, il a pris une couverture, et un bol en métal. J’ai entendu le cliquetis d’un liquide qui se répand en son creux. De sa poche, il a sorti un sachet vert pâle et a compté trois granules : « Cela devrait te suffire pour cette nuit. J’enverrai un petit demain pour voir comment tu vas ».

Il est reparti, sans un mot supplémentaire.

Je me suis assise contre le mur épais, froid, humide. Combien de temps vais-je encore errer dans cette terre silencieuse.

 

Je me suis endormie en serrant la couverture, avec une granule sous la langue. Je suis retournée là-bas, dans mes souvenirs diffus…

 

Un matin, j’ai ouvert les yeux sur la nuit noire de ma chambre. Dans la maison, tout semblait voltiger, les portes claquaient, les volets ne tenaient plus dans leurs gonds. L’air s’engouffrait dans toutes les plus petites ouvertures. J’entendais des voix au loin, des cris surtout, des ordres hystériques. Mon père, ma mère ? Mamimina était là et j’en étais presque rassurée : Elle ici, rien ne pourrait arriver. Le bruit lugubre du vent était lancinant, il précipitait vers la folie pure, sans compréhension de rien, sans retour possible. J’avais froid, je grelottais, je pleurais et mes larmes me cisaillaient le visage, laissant de profonds cillons de terreur. « Maman » Un murmure tout d’abord, puis un soupir, un cri, un hurlement. « Mamaaannn ! » Pas de réponse. Je m’étais assise dans mon lit, ramenant sur moi ma douce couverture ouatée, à l’odeur de lavande. Et si personne ne venait me chercher au milieu de ce chaos ? « Maaaaaamaaaaannnn ! »

Ma voix fluette s’était perdue dans les rafales de vent polaire. Rien ne pourrait changer maintenant. Alors j’avais pris mon pouce et tranquillement je l’avais regardé. Sous l’ongle, je voyais un nuage vaporeux s’échapper, comme une mousse tendre, jaune et lumineuse. Dans mon sommeil terrorisé, j’avais laissé le charme agir. On m’avait bien répété qu’il ne fallait jamais résister, surtout pas à des manifestations de ce type. Mais à quatre ans, que sait-on retenir des recommandations des adultes ?

Combien de minutes ? Des millions. J’ai eu l’impression que c’était le soir alors que je n’avais pas bougé de mon lit. Mais dehors tout était si différent, le soleil ne parvenait plus à éclairer notre vie.

La porte s’est ouverte et la grande silhouette de mon père est apparue. Il m’a saisi par la taille tout en attrapant mes chaussures, quelques vêtements, il sentait la poussière, la transpiration, les larmes aussi. Il baragouinait des mots incompréhensibles pour une toute petite fille comme moi, il semblait dans un autre monde. « Viens ma puce, on va s’en sortir. On a trouvé un endroit pour s’abriter ». Je ne pouvais rien dire et je sentais bien qu’une seule de mes questions l’aurait brisé en mille morceaux.
26 janvier 2005

26 janvier 2005

1 - Premiers pas

« - Regarde, là ! Juste sur le poteau ! Tu le vois le panneau ?… In Paradisium… Oui, c'est cela ! »

J'ai beau scruter le portail béant, je ne vois rien. Pourtant j'entends partout aux alentours les mêmes lumières. En passant devant l'abbaye quelques secondes avant, j'ai trouvé que le temps changeait. Pourtant le paysage se continue, sans rupture aucune avec l'espace temps. Comme un nouvel an qui suit une vieille année, sans aucune magie, et qui entreprend banalement de grimper encore 365 jours.

Je n'ai pas plus le choix : le chemin serpente sur la colline « opposée », c'est comme cela que les gens d'ici l'appelle, et je dois le dégringoler, prendre sa réserve du bas, accepter la sentence.

« - Aller, trois mois, ce n'est rien ! La plus belle saison en plus ! Tu vas aimer les framboises, les cerises et j'te raconte même pas le Moine ! »

Puis, le Barbus reprend d'une voix moins rassurante, presque tranchante :

« - De toute façon, gamine, le juge t'a prévenue. Tu vas arrêter de produire ta saleté. Tu as de la chance d'être la fille du premier Responsable. Ils pensent tous que tu es normale et que quelqu'un s'est servi de toi. Mais, moi, j'ai bien vu tes mains, et tes pouces… ? Pourquoi qu'tu les caches tout le temps ? »

Je ne l'aime pas ce type. Il sent mauvais et sous prétexte qu'il a un véhicule, il se croit tout permis. Enfin, pour une fois, ma filiation va me servir : s'il me touche ne serait-ce qu'un quart de cheveux, je dis tout à mon père. Il doit le sentir et se tient à carreaux. Peut-être sait-il vraiment…

Dans ma poche, je tiens encore une parcelle de mousse. Elle est douce et je sais qu'elle est jaune vive. Etrange, elle bat ! L'endroit, peut-être ?!

Le véhicule vient s'arrêter silencieusement devant la grande bâtisse Des filets immenses la recouvrent, empêchant le moindre insecte de les traverser et de venir butiner les arbres fruitiers, ne laissant passer que l'air.

La porte est entrouverte et j'aperçois des ombres qui courent furtivement. J'imagine… Chacun droit trouver la posture adéquate pour m'accueillir ou non.  Lola, c'est la plus jeune de tous et c'est pour cela que je ne vois qu'elle. Les autres ont regagné leur boxe. Lola, je m'en rendrai vite compte, c'est l'insouciance, celle qui n'a rien prémédité, la préférée du Moine. J'apprendrai bien plus tard qu'il a tout fait pour la retenir et ne jamais la laisser repartir, en se servant de son innocence. Tout le contraire de la Grande Crécelle ! Elle, je l'ai connue deux jours. Un matin, son arbre était mort, son boxe vide et sous les filets immenses il y avait comme de la fumée acre, poignante, ne se laissant dissiper par aucun brun d'air.

Le moine. Il est là, perché dans un arbre. Je ne sais pas si c'est son âge ou sa taille qui m'impressionne le plus… Plus de 130 ans, au moins deux mètres cinquante… Va savoir !

« - Voilà gamine ! T'es arrivée ! Moi, j'reste pas et je te conseille juste un truc, le regarde pas droit dans les yeux parce que tes trois mois pourraient bien se transformer en trois siècles ! »

Je descends, attrape mon balluchon. Je regarde le véhicule repartir.

Dans le silence de la poussière qui retombe, j'entends des rires d'enfants. Je ne suis pas encore tout à fait morte, semble-t-il, et je m'approche du vieil homme…

 

On le dirait presque étendu sur son échelle, le Moine. Sous lui, j'entrevois ses yeux, bleus jadis, ils sont cerclés d'un rond bleuté et opaque, regardant dans une seule direction, je sais qu'ils me voient pourtant à cet instant.

Je n'ai pas peur, je me sens très sereine au contraire. Les oiseaux ne chantent plus, retiennent leur souffle et au loin, j'entends une musique légère, qui m'hypnotise et me ramène à moi-même, à ma main serrée dans ma poche, à l'avenir qui est devant moi.

« Dis-moi ton nom, enfant… »

Pourquoi m'appeler ? D'ailleurs, Cher Moine, vous le faites déjà à cet instant. Enfant, Gamine, drôlesse, petite… Je ne crois pas répondre à d'autres termes. Mon cœur se serre, la musique a fait place à une litanie douce, chantée par une voie de mère… Poucette, Douce-Chéri, Mon cœur. Mais pourquoi cette question. Je piétine sans trépigner, je sais que je dois encore attendre ses mots.

« Ne résiste pas la Douce, tu pourrais te briser tellement vite… »

Je ne comprends pas pourquoi je me sens tellement agressée alors que ce vieil homme se tend vers moi et semble vouloir me protéger même de mes maléfices. Il reprend enfin : 

« Tu ne peux encore dormir sous le même toi que tout le groupe. Tu es un danger et ce que tu tiens dans ta main n'est pas encore dompté… Nous allons l'apprendre, le faire ensemble. Si un jour tu repars d'ici, tu sera tellement différente ».

 

Si je repars d'ici ? T'as oublié ou quoi vieux tas d'os ?!!! Trois mois, il a écrit le juge, pas un jour ou une seconde de plus. Tu veux que je te la colle la lettre du tribunal sous le nez ?

Une sueur froide recouvre mon échine. Ai-je, ne serait-ce qu'une feuille volante d'un papier faisant preuve ? Rien. Tout à coup je reviens à mon père, au jour du procès. M'a-t-il vu, a-t-il fait semblant pour que le scandale n'explose pas…

Parce qu'il y a eu d'abord ma mère. Sina la mauve. Fille de Mina la jaune. Des filles du Sud, rescapées de cette autre civilisation, aux règles de vie peu orthodoxes, trop spontanées. On les a vite qualifiées de sorcières. On se serait cru revenu au moyen âge, en l'an 2507, pensez-vous !
26 janvier 2005

Alors...

J'ai mis exactement six jours à comprendre mieux ce que j'allais faire de tout ce temps.
Je relève le défis secret, je vais continuer à écrire.
Cette histoire qui se passe dans un autre temps, sur notre sol, avec d'autres personnages...
J'ai encore 36 jours pour la continuer voire la terminer.

A moi de jouer...
20 janvier 2005

Parce que...

Il fallait bien s'imaginer que j'en viendrais ici.
A noircir des écrans durant des heures durant et que tout s'arrête sans que je puisse dire quoi que ce soit... Non, c'était de l'impossible pur.
J'ai d'abord été sous le choc. C'était irréel, comme la discussion suivie d'ailleurs, dont j'ai gardé scrupuleusement tous les fils, avec les réponses, les questions, les soupirs, les images et les frissons.
J'ai ensuite cru à la trahison sans vergogne. Trop loin, nous avions transgressé trop de règle de l'infime intimité.
Et puis, je suis sortie dans la rue, j'ai marché sur les pavés humides, je me suis cachée sous les portes cochères, sans voir les regards des inconnus curieux et j'ai bu un café. J'ai repris mon stylo, j'ai continué à écrire.

Ce sera tout pour le moment.
Car le temps me l'a chuchoté, y'a une raison à tout cela.
Juste patience devra se faire et voir le jour.


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